William Henry Drummond

The Habitant and Other French-Canadian Poems

Published by Good Press, 2022
goodpress@okpublishing.info
EAN 4064066213350

Table of Contents


INTRODUCTION
PREFACE
DE HABITANT.
THE WRECK OF THE "JULIE PLANTE."
LE VIEUX TEMPS.
"DE PAPINEAU GUN."
HOW BATEESE CAME HOME.
DE NICE LEETLE CANADIENNE.
'POLEON DORÉ.
DE NOTAIRE PUBLIQUE.
A CANADIAN VOYAGEUR'S ACCOUNT OF THE NILE EXPEDITION.
MEMORIES.
PHIL-O-RUM JUNEAU.
DE BELL OF ST. MICHEL.
PELANG.
MON CHOUAL "CASTOR."
OLE TAM ON BORD-A PLOUFFE.
THE GRAND SEIGNEUR.
M'SIEU SMIT.
WHEN ALBANI SANG.
DE CAMP ON DE "CHEVAL GRIS."
DE STOVE PIPE HOLE.
"DE SNOWBIRD."
THE HABITANT'S JUBILEE ODE.
OLE DOCTEUR FISET.

INTRODUCTION

Table of Contents

On me demande, pour ce charmant volume, un mot de préface en français; le voici:

Quand, en 1863, je publiai mon premier recueil de poésies—écrites au collège, pour la plupart,—le grand poète américain Longfellow eut la flatteuse bienveillance de m'appeler The pathfinder of a new land of song.

Avec mille fois plus de raison puis-je aujourd'hui passer le compliment à mon sympathique confrère et ami, l'auteur de ce livre; car, si jamais quelqu'un, chez nous, a mérité le titre de pathfinder of a new land of song, c'est assurément lui.

Non seulement il a découvert le champ, la clairière, la vallée fertile et encore inexplorée; il en a fait l'exploitation à sa manière, avec des outils et des moyens de son invention; et, fier de sa conquête, il laisse, de son épaule robuste, tomber à nos pieds le fruit de son travail, la gerbe plantureuse aux ors vierges, à l'arôme sauvage, aux savoureuses promesses, toute fraîche et toute crissante dans sa rusticité saine.

N'est-elle pas, en effet, d'une originalité peu commune, l'idée de prendre un pauvre illettré, de le présenter comme un type national à part, de lui mettre aux lèvres une langue qui n'est pas la sienne et qu'il ne connaît qu' à demi; d'en faire en même temps un personnage bon, doux, aimable, honnête, intelligent et droit, l'esprit en éveil, le coeur plein d'une poésie native stimulant son patriotisme, jetant un rayon lumineux dans son modeste intérieur, berçant ses heures rêveuses de souvenirs lointains et mélancoliques?

Et cela sans que jamais, dans ce portrait d'un nouveau genre, le plus subtil des critiques puisse surprendre nulle part le coup de crayon de la caricature!

Dans ses inimitables contes villageois, George Sand a peint les paysans du Berry sous des dehors très intéressants. Elle nous les montre même d'un sentiment très affiné dans leur simplicité naïve et leur cordiale bonhomie. En somme, elle en fait des natures, des tempéraments, quelque chose de typique, en même temps qu' harmonieux de teinte et de forme.

Mais George Sand faisait parler ses personnages dans la langue du pays, dans la langue de la chaumière, dans leur propre dialecte, enfin. Elle n'avait, pour ainsi dire, qu' à faire pénétrer le souffle de son talent sous le réseau de la phrase, pour animer celle-ci d'un reflet de lyrisme ou d'une vibration attendrie.

La tâche abordée par M. Drummond présentait un caractère beaucoup plus difficile.

Ici, le poète avait bien, il est vrai, le milieu à saisir, placé, droit en face de son objectif. Il était assez familier avec ses acteurs pour les grouper avantageusement, en ménageant les effets d'ombres et de lumière. Il est naturellement assez artiste pour ne rien négliger de ce qui ajoute du pittoresque à la pose; surtout, il connaissait à fond le type à reproduire, ses moeurs, ses passions, ses sentiments, ses penchants, ses superstitions et ses faiblesses.

Mais comment, sans tomber dans la charge ou la bouffonnerie, faire parler systématiquement à ses personnages une langue étrangère, forcément incorrecte dans la bouche de quelqu'un qui l'a apprise par oreille, sans savoir lire même dans sa propre langue?

La tentative était hardie; mais on sait que le succès a un faible pour les audacieux.

Dans son étude des Canadiens-français, M. Drummond a trouvé le moyen d'éviter un écueil qui aurait semblé inévitable pour tout autre que pour lui. Il est resté vrai, sans tomber dans la vulgarité, et piquant sans verser dans le grotesque.

Qu'il mette en scène le gros fermier fier de son bien ou de ses filles à marier, le vieux médecin de campagne ne comptant plus ses états de service, le jeune amoureux qui rêve au clair de la lune, le vieillard qui repasse en sa mémoire la longue suite des jours révolus, le conteur de légendes, l'aventurier des "pays d'en haut," et même le Canadien exilé—le Canadien errant, comme dit la chanson populaire—qui croit toujours entendre résonner à son oreille le vague tintement des cloches de son village; que le récit soit plaisant ou pathétique, jamais la note ne sonne faux, jamais la bizarrerie ne dégénère en puérilité burlesque.

C'est là un tour de force comme il ne s'en fait pas souvent, et c'est avec enthousiasme que je tends la main à M. Drummond pour le féliciter de l'avoir accompli.

Il a véritablement fait là oeuvre de poète et d'artiste.

J'ajouterai qu'il a fait aussi oeuvre de bon citoyen. Car le jour sous lequel il présente mes compatriotes illettrés ne peut manquer de valoir à ceux-ci—et partant à tout le reste de la nationalité—un accroissement désirable dans l'estime de nos compatriotes de langue anglaise, qui n'ont pas été à même de les étudier d'aussi près que M. Drummond.

La peinture qu'en fait le poète est on ne peut plus sympathique et juste; et de semblables procédés ne peuvent que cimenter l'union de coeur et d'esprit qui doit exister entre toutes les fractions qui composent la grande famille canadienne appelée à vivre et à prospérer sous la même loi et le même drapeau.

En lisant les vers de M. Drummond, le Canadien-français sent que c'est là l'expression d'une âme amie; et, à ce compte, je dois à l'auteur plus que mes bravos, je lui dois en même temps un chaleureux merci.

LOUIS FRÉCHETTE.

MONTRÉAL, 13 octobre 1897.

PREFACE

Table of Contents

In presenting to the public "The Habitant and other French-Canadian Poems," I feel that my friends who are already, more or less, familiar with the work, understand that I have not written the verses as examples of a dialect, or with any thought of ridicule.

Having lived, practically, all my life, side by side with the French-Canadian people, I have grown to admire and love them, and I have felt that while many of the English-speaking public know perhaps as well as myself the French-Canadian of the cities, yet they have had little opportunity of becoming acquainted with the habitant, therefore I have endeavored to paint a few types, and in doing this, it has seemed to me that I could best attain the object in view by having my friends tell their own tales in their own way, as they would relate them to English-speaking auditors not conversant with the French tongue.

My good friend, Dr. Louis Frechette, Poet Laureate, has as a French-Canadian, kindly written an "Introductory" in his own graceful language, and I have to thank him above all for his recognition of the spirit which has actuated me in writing "dialect" verse.

To Mr. F. S. Coburn, the artist, also, I am deeply indebted for the faithful manner in which he has interpreted the different characters and scenes contained in this volume. All the pictures have been sketched from nature or life, and the keenest critic will agree with me, that Mr. Coburn's illustrations are most typical, both of the people and the soil.

WILLIAM HENRY DRUMMOND.

DE HABITANT THE WRECK OF THE "JULIE PLANTE" LE VIEUX TEMPS DE PAPINEAU GUN HOW BATEESE CAME HOME DE NICE LEETLE CANADIENNE 'POLEON DORÉ DE NOTAIRE PUBLIQUE MAXIME LABELLE MEMORIES PHIL-O-RUM JUNEAU DE BELL OF ST. MICHEL PELANG MON CHOUAL "CASTOR" OLE TAM ON BORD-A PLOUFFE THE GRAND SEIGNEUR M'SIEU SMIT' WHEN ALBANI SANG DE CAMP ON DE "CHEVAL GRIS" DE STOVE PIPE HOLE DE SNOWBIRD THE HABITANT'S JUBILEE ODE OLE DOCTEUR FISET

DE HABITANT.

Table of Contents

De place I get born, me, is up on de reever
Near foot of de rapide dat's call Cheval Blanc
Beeg mountain behin' it, so high you can't climb it
An' whole place she's mebbe two honder arpent.

De fader of me, he was habitant farmer,
Ma gran' fader too, an' hees fader also,
Dey don't mak' no monee, but dat isn't fonny
For it's not easy get ev'ryt'ing, you mus' know—

All de sam' dere is somet'ing dey got ev'ryboddy,
Dat's plaintee good healt', wat de monee can't geev,
So I'm workin' away dere, an' happy for stay dere
On farm by de reever, so long I was leev.

O! dat was de place w'en de spring tam she's comin',
W'en snow go away, an' de sky is all blue—
W'en ice lef' de water, an' sun is get hotter
An' back on de medder is sing de gou-glou—

W'en small sheep is firs' comin' out on de pasture,
Deir nice leetle tail stickin' up on deir back,
Dey ronne wit' deir moder, an' play wit' each oder
An' jomp all de tam jus' de sam' dey was crack—

An' ole cow also, she's glad winter is over,
So she kick herse'f up, an' start off on de race
Wit' de two-year-ole heifer, dat's purty soon lef' her,
W'y ev'ryt'ing's crazee all over de place!

An' down on de reever de wil' duck is quackin'
Along by de shore leetle san'piper ronne—
De bullfrog he's gr-rompin' an' doré is jompin'
Dey all got deir own way for mak' it de fonne.

But spring's in beeg hurry, an' don't stay long wit' us
An' firs' t'ing we know, she go off till nex' year,
Den bee commence hummin', for summer is comin'
An' purty soon corn's gettin' ripe on de ear.

Dat's very nice tam for wake up on de morning
An' lissen de rossignol sing ev'ry place,
Feel sout' win' a-blowin' see clover a-growin'
An' all de worl' laughin' itself on de face.

Mos' ev'ry day raf' it is pass on de rapide
De voyageurs singin' some ole chanson
'Bout girl down de reever—too bad dey mus' leave her,
But comin' back soon' wit' beaucoup d'argent.

An' den w'en de fall an' de winter come roun' us
An' bird of de summer is all fly away,
W'en mebbe she's snowin' an' nort' win' is blowin'
An' night is mos' t'ree tam so long as de day.

You t'ink it was bodder de habitant farmer?
Not at all—he is happy an' feel satisfy,
An' cole may las' good w'ile, so long as de wood-pile
Is ready for burn on de stove by an' bye.

W'en I got plaintee hay put away on de stable
So de sheep an' de cow, dey got no chance to freeze,